Panne de moteur !
Mais ce n est pas vrai ! je venais de virer de bord
pour me présenter dans le chenal d’entrée du Crouesty que voilà une fois de
plus mon moteur qui me lâche ! Mes voiles étaient affalées et je prenais tranquillement
mon cap et puis…patatras !
Maudissant le trafic infernal et le bruit insupportable
du quai Gambetta au Palais, j’avais
décidé de partir vers d’autres cieux : le Crouesty me disais-je, j’y serai bien plus tranquille.
Quand je suis sorti de l’avant port de Palais j’ai trouvé un vent fort, de la
mer et de la boucaille . Bof, ça commençait bien ! J’hésite sur la
conduite à tenir, faire demi-tour ?
c’était probablement ce que j’avais de mieux à faire mais voilà, je ne
suis pas sage et, têtu comme un Wallon peut l’être, je suis parti quand même. Tout a valdingué
dans la cambuse,les casseroles par terre, le frigo renversé les tiroirs ouverts
mais rien de cassé ! En outre, Joseph, mon pilote automatique ne pouvait
pas tenir dans cette mer formée et il m’a lâché dès le premier quart
d’heure ! Courageusement, j’ai repris la barre et me suis , dans un premier
temps, dirigé vers les Béniguets mais
voyant que j’étais au près, dans cette mer là, je décide d’abattre et d’aller
plus au portant vers la Teignouse . J’ai donc pris mon fidèle Garmin et l’ai questionné
pour connaître le cap : 34 me dit-il ! J’obtemperais et trouvais une mer toujours agitée mais plus
maniable puisque j’avais le vent de travers. Une heure après, je vis au travers de la brume
se profiler les premières bouées de la passe, j’étais soulagé et une demi heure
plus tard, je laissais la Teignouse derrière moi et trouvais une mer un peu
plus calme dans la baie de Quiberon . Je filais, en permanence 6 nœuds, on
allait vite, on serait au Crouesty dans
moins de deux heures.
Effectivement je passais la bouée sud Méaban vers cinq
heures de l’après midi, j allais battre mon record ! Je mis mon moteur en
route à 500 m des bouées d’entrée et
affalais mes voiles . Le moteur s’arrêta soudainement, j’essayais de le remettre
en route mais rien à faire il ne voulut point !
Je me mis à dériver lentement vers Méaban mais j’ai ,
immédiatement, relâché mon génois et me
dirigeai vers la passe d’entr ée du golfe du morbihan , je passais Port
Navalo, la mer était plus calme mais sachant que la marée descendait depuis
deux heures, je me doutais que je
n’irais pas loin ainsi et que je serais arrêté avant la Jument et Berder. Je me suis donc mis face au vent autant que
faire se peut, ai abattu mes lazy jacks pour faciliter la montée de la grande
voile et suis parvenu non sans pester un peu, à hisser ma grande voile qui
allait me permettre de faire demi-tour.
Je connais très bien la passe et le chenal d’entrée du
Crouesty mais la nuit était tombée car
il n’était pas loin de 7 heures du soir
. Je voyais les feux d’entrée de loin et les feux d’alignement pour me guider
et je décidais d’y aller plutôt que de faire plus d’une heure de route pour
rentrer à Port Haliguen . Mais de nuit ? sans moteur ? et la mer qui
commençait à descendre ?
A Dieu Vat, on y va ! Le vent me maintenait au largue
et je passais la première bouée à pleine vitesse, ma hantise était de cogner
les autres si je ne les voyais pas mais
je les vis et choisis de longer les vertes je passais les deux phares d’entrée du
port pour trouver un calme tellement absolu que je craignais de ne plus avancer
suffisamment pour trouver un ponton. J’y
parvins en évitant un gros trawler qui se trouvait amarré, sur ma route, J’en
profitais pour me déhaler sur lui et arrivais finalement, en pompant avec mon
gouvernail, à un ponton qui semblait mis là exprès
Deux personnes m’avaient entendu arriver et m’aidèrent à
m’amarrer . mais….
Le lendemain matin à 8 heures , comme je finissais de
déjeuner, un bateau qui arrivait de Camaret se présenta. Ils me dirent que j’étais à leur place. C’ètait l’Atlantica, un
voilier de 58 pieds, presque deux fois la longueur de Manapan y ; je le
connaissais pour l’avoir vu à Belle-île. Je proposais au capitaine de me
pousser un peu plus loin et finalement,ils me larguèrent au ponton V3 où je réussis à m’amarrer avec l’aide
d’autres personnes qui avaient repéré que j’étais en difficulté . C’est à ce
moment là que l’on s’aperçoit que bien lancer une amarre est une qualité primordiale pour un
marin !