Houat,
Quand je suis parti du Crouesty, hier matin, dans le but de
rentrer à Belle-Isle, je n’aurais jamais imaginé que j’allais me retrouver à
Houat.
Pourtant, avec un bon vent de Nord Ouest, j’avais mis le cap
sur Hoëdic et puis ensuite, sur le phare des Cardinaux pour avoir toujours le
près bon plein dont raffole Manapany. Le vent en effet était reparti à l’Ouest m’empêchant, visiblement, de faire
un meilleur cap.
Arrivé à une bonne encablure des Cardinaux et ayant déjà
doublé le port de l’Argol, à Hoëdic, je trouvais que la mer devenait un peu
trop grosse pour moi , le vent montait de plus en plus et je décidais de faire
demi-tour vers Houat. J’ai parfois de ces éclairs de lucidité, c’est rare mais
là c’était le cas !
J’appelais Danièle, une amie de Houat mais par deux fois
elle a raccroché au point que je me demandais si ce numéro que j’avais formé
était le bon. Je demeurais perplexe et m’occupais de mon amarrage. Des dizaines
de fois que je me suis amarré sur ces fameuses bouées haltères mais là, j’avais
tout faux car je ne sais quelle main malfaisante m’a dévié, me retrouvant
emberlificoté dans les amarres qui retenaient les bouées par l’avant. Je
coupais mon moteur, n’ayant pas du tout envie de me retrouver comme un c… avec
une pareille aussière dans l’hélice.
Finalement deux dames, sur un petit bateau, avaient vu les
difficultés dans les quelles je m’étais fourré et elles sont venues avec leur
petit dinghy kayak chercher un de mes bouts pour l’amarrer sur les haltères que
j’avais loupées. Le vent était très fort, (5 à 6 Beaufort) et évidemment
latéral, j’ai du utiliser mon Winch pour pouvoir me déhaler au bon endroit. Une
grosse heure s’était passée depuis le moment de mon emberlificotage et ma position finale !
Et puis j’ai vu arriver successivement une vedette de la
gendarmerie maritime et puis la SNSM de
Quiberon : tiens, me dis-je, il se passe quelque chose !
Ensuite ce fut le tour de l’hélico !
Il me vint un soudain pressentiment et j’appelais mon ami
Jean Noël, curé de Houat et d’Hoëdic pour lui signaler mon arrivée. Eh bien me
dit-il, tu arrives en plein drame ! Le fils de Danièle est décédé cette
nuit à l’âge de 30 ans !
Prémonition ou appel à l’aide ? Je ne sais pas mais il
est un fait : j’étais content d’être là, pas trop loin de cette amie qui
avait déjà perdu l’un de ses fils il y a un peu plus d’un an !
J’ai salué le corps que la SNSM emportait et je suis rentré
dans mon bateau pour méditer.
Fin d’après-midi, j’ai gonflé mon dinghy, je suis descendu à
terre et me suis rendu chez Jean-Noël qui était content de me revoir. On a,
évidemment, reparlé de la situation difficile dans laquelle se trouvait Danièle,
j’étais furieux contre cet alcool et ces drogues qui sévissent dans nos îles
plus qu’ailleurs, je me disais que nous étions là, impuissants tant qu’on ne
nous avait pas appelés mais j’étais prêt
à intervenir quand on aurait besoin de nous.
C’est tout ce que
nous pouvons faire a conclu Jean-Noël !
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